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COMPAGNIE DE LA MÈRE FOLLE DE DIJON



Cette Compagnie faisait ses spectacles principalement au moment de Carnaval. Les personnages déguisés en vignerons, montés sur des chariots, chantaient des chansons et des satires, censuraient publiquement certains moeurs.
Le Duc Philippe-le-Bon tolérait cette Compagnie créée avant 1454. Un sceau, en cire verte, aux lacs de soie rouge, verte, scellait cet accord.
La Compagnie dijonnaise était composée de plus de cinq cents membres de toute qualité, officiers du Parlement, de la Chambre des Comptes, avocats, procureurs, bourgeois et marchands. Leur Assemblée se tenait en général dans la salle du Jeu de Paume. Chacun arborait une tenue disparate mais de couleur verte, rouge et jaune, un bonnet de même couleur à deux pointes, ou de deux cornes avec sonnettes en tenant des marins ornées d'une tête de fou.
Le Chef, élu à la majorité des voix, s'appelait * La Mère Folle +. Son organisation était militaire. Une infanterie composée de deux cents hommes avait un drapeau à deux flammes de trois cou- leurs: rouge, verte et jaune de la même figure et grandeur que celui des Ducs de Bourgogne! Des agapes avaient lieues et les cinquante suisses accompagnant la Mère Folle étaient des artisans de la ville se prêtant volontairement à ces jeux. A certaines occasions des défilés étaient organisés dans le centre ville, en chariots, des vers étaient récités devant le logis du Gouverneur, du Premier Président du Parlement, puis devant celle du Maire. Quatre hérauts s'avançaient en tête devant le Capitaine des gardes , après eux, venaient les chariots puis celui de la Mère Folle précédés de deux autres hérauts. Il était suivi de ses Dames d'atours, de six pages, de douze laquais, de l'enseigne, de soixante officiers, écuyers, fauconniers, grands veneurs et autres .... La marche était fermée par le guidon, cinquante cavaliers, le fiscal vert et ses deux conseils pour se terminer par les suisses .
Un mariage bizarre, des querelles entre gens de bonne société, des impôts trop lourds, les abus de certain prince permettaient à la Compagnie de sortir les chariots, de se déguiser en figurant la scène choisie et de s'en moquer avec courtoisie ...
Mais son action amena des abus. La raillerie dépassa certaines convenances, les impertinences se mêlèrent aux jeux et une partie des habitants de la ville de Dijon manifesta sa réprobation et demanda son abolition . Une pétition fut faite et envoyée à L XIII ,qui envoya les écrits suivants :

--EDIT QUI ABOLIT ET ABROGE, SOUS DE GROSSES PEINES ,LA COMPAGNIE DE LA MÈRE FOLLE DE DIJON.

* Par édit donné à Lyon Ile 2IJuin 1630, vérifié et enregistré à la cour, le 5 Juillet suivant, il est dit:
considérant les plaintes qui nous ont été faites de la coutume scandaleuse observée en la ville de Dijon, d'une assemblée d'infanterie et Mère Folle, qui est vraiment une mère de pure folie, des désordres et débauches qu'elle à produit et produit encore contre les bonnes moeurs, repos et tranquillité de la ville ,avec mauvais exemple. Voulant déraciner ce mal et empêcher qu'il ne renaisse si vite à l'avenir, nous avons de notre pleine puissance et autorité royale, révoqué et aboli, et par ces présentes signées de notre main abrogeons, révoquons et abolissons ladite compagnie d'infanterie et Mère Folle, ni faire ensemble festins pour ce sujet, à peine d'être déclaré indigne de toute charge de ville dont dès à présent nous les avons déclarés indignes et incapables d'y être jamais appelés , et outre ce, à peine d'être punis comme perturbateurs du repos public.

H.CAGNARD,


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